Page:Tolstoï - Œuvres complètes vol27.djvu/172

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supprimes les passions propres à l’homme, l’humanité disparaîtra. Cette observation s’applique également au principe de la propriété que, dit-on, les chrétiens nient. Regarde autour de toi ; chaque vigne, chaque haie, chaque maison, chaque ânesse, tout cela n’est possible qu’avec la propriété. Si on l’abolit, on ne plantera plus une seule vigne, on n’élèvera pas, on ne dressera plus un seul animal. Les chrétiens prétendent qu’ils ne possèdent pas et qu’ils jouissent seulement des fruits de la propriété. Ils disent qu’ils ont tout en commun et qu’ils réunissent tous leurs biens. Mais tout ce qu’ils apportent et tout ce qu’ils reçoivent, ils le tiennent de gens qui possèdent la propriété. Ils ne font que tromper les autres, ou, dans les meilleurs cas, se trompent eux-mêmes. Tu me dis qu’ils travaillent de leurs mains pour se nourrir, mais ce qu’ils produisent ne suffirait pas à les faire vivre s’ils ne profitaient pas de ce qui a été produit par des gens qui reconnaissent la propriété. S’il leur était possible de vivre de leurs propres ressources, il n’y aurait point de place dans leur système social pour les arts et les sciences. Ils nient les avantages de nos arts et de nos sciences.

Ils ne peuvent faire autrement. La pratique de leur enseignement tend à ramener l’homme à son état primitif, à la sauvagerie, à la bestialité. Ils ne peuvent servir l’humanité par les sciences et les arts, et, comme ils les ignorent, ils les nient. Ils