Page:Tolstoï - Œuvres complètes vol27.djvu/179

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viendra où je les égalerai et même les surpasserai. Sous ce rapport je suis donc satisfait de ma vie. Quant à mon mariage, je t’avouerai franchement qu’il ne me satisfait point. Je dirai même plus : je reconnais que cette union qui devait m’apporter la joie ne me l’a pas donnée. Le plaisir que j’en tirais au commencement a été en décroissant depuis, et maintenant, au lieu du bonheur parfait que j’espérais, je suis en face de la douleur. Ma femme est belle, intelligente, savante et très bonne. Les premiers temps j’ai été parfaitement heureux. Mais à présent, tu ne peux comprendre tout cela puisque tu n’es pas marié, de nombreuses causes de discorde s’élèvent entre nous. Elle cherche mes caresses lorsque je suis indifférent pour elle, et inversement, L’amour exige la nouveauté. Une femme beaucoup plus laide que la mienne m’attire d’avantage pendant quelque temps ; ensuite, elle me paraît moins séduisante que ma femme. J’ai éprouvé cela déjà. Non, je dois avouer que je n’ai pas trouvé dans le mariage la satisfaction. Mon ami, conclut Jules, les philosophes ont raison : la vie ne peut satisfaire toutes les aspirations de l’âme. J’en ai éprouvé la vérité dans le mariage. Mais cela ne prouve pas que votre mensonge ne puisse les satisfaire, dit Jules en souriant.

— En quoi vois-tu notre mensonge ? demanda Pamphile.