Page:Tolstoï - Œuvres complètes vol27.djvu/195

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vous ont cessé de croire depuis longtemps. Cependant vous tâchez de maintenir les autres dans la croyance en ces dieux, espérant, grâce à cette tromperie, les tenir plus aisément sous le joug. Vous élevez des statues en l’honneur des plus terribles et des plus cruels des tyrans, que personne ne respecte mais que tous craignent. Dans vos pièces de théâtre, l’amour criminel est loué et applaudi. La musique sert à l’amusement de vos richards, qui se gavent et s’enivrent dans leurs riches banquets. La peinture est employée à représenter dans des maisons de débauche des scènes qu’un homme, à moins d’être ivre ou étourdi par la passion bestiale, ne peut regarder sans rougir. Non, l’homme n’a pas reçu pour de tels buts les grands avantages qui le distinguent de l’animal. On ne peut en faire un amusement pour le corps. Consacrant notre vie à l’accomplissement de la volonté de Dieu, nous devons d’autant plus employer au même but nos capacités supérieures.

— Oui, tout cela serait très bien si la vie était possible dans de telles conditions, objecta Jules. Mais on ne peut pas vivre ainsi. Vous vous leurrez vous-mêmes. Vous vous refusez à reconnaître notre protection. Mais, sans les légions romaines, pourriez-vous vivre en paix ? Vous jouissez de la protection que vous refusez de reconnaître. Même certains d’entre vous, tu me l’as dit toi-même, se