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Page:Tolstoï - Œuvres complètes vol27.djvu/199

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savoir la vérité, et communier avec le Père, à posséder le vrai bonheur, se trouvent involontairement dans la voie que Christ suivait ; alors, se mettant instinctivement derrière lui, le voyant devant eux, ils le suivent. Tous ceux qui aiment Dieu se rencontreront sur ce chemin, toi aussi… Lui, le fils de Dieu, est le médiateur entre Dieu et les hommes. Nous ne croyons pas cela aveuglément, parce qu’on nous l’a dit, mais nous le croyons sincèrement parce que tous ceux qui cherchent Dieu trouvent son fils devant eux, et c’est seulement par l’entremise du fils qu’ils voient, connaissent et comprennent Dieu.

Jules ne répondit pas et longtemps garda le silence.

— Es-tu heureux ? demanda-t-il.

— Je ne désire rien de mieux. Mais ce n’est pas tout. Je ressens souvent un sentiment de doute et la conscience d’une injustice, précisément parce que je suis trop heureux, dit Pamphile.

— Oui, dit Jules, peut-être que moi aussi j’eusse été heureux si je n’avais pas rencontré cet inconnu et si j’étais allé chez vous.

— Si tu penses ainsi, qu’est-ce qui te retient ?

— Ma femme.

— Tu dis qu’elle a un penchant pour le christianisme. Elle viendra avec toi.

— C’est vrai. Mais nous avons déja commencé une autre vie, comment la rompre ? La vie est com-