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Page:Tolstoï - Œuvres complètes vol27.djvu/249

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vit maintenant en célibataire. Quant à elle, elle traîne.

— Parce que c’est un imbécile, dit le vieux. Si, dès le premier jour, il l’avait tenue en bride, elle vivrait honnêtement, pas de danger. Il faut ôter la liberté dès le commencement. Ne te fie pas à ton cheval sur la grande route, ne te fie pas à ta femme chez toi.

À ce moment le conducteur passa, demandant les billets pour la prochaine station. Le vieux lui remit le sien.

— Oui, il faut à temps mater le sexe féminin, sinon tout périra.

— Et vous-même, n’avez vous pas raconté, à l’instant, la manière dont les hommes mariés font la noce à Kounavino ? dis-je.

— Ça c’est une autre affaire, dit le marchand ; et il redevint taciturne.

Quand le sifflet se fit entendre, le marchand se leva, prit de dessous la banquette son sac, se boutonna, et, soulevant sa casquette, alla sur la plateforme.