Page:Tolstoï - Œuvres complètes vol27.djvu/293

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XII

— Dans notre monde, c’est juste le contraire : s’il arrive que l’homme, étant célibataire, pense encore à l’abstinence, une fois marié il considère que l’abstinence n’est plus nécessaire. Songez donc, ce départ après le mariage, cette solitude que les nouveaux mariés se ménagent avec le consentement des parents, ce n’est autre chose que l’autorisation de la débauche. Mais la loi morale se venge elle-même quand on la viole. La lune de miel ne me donna pas ce qu’elle promettait ; tout le temps c’était honteux et ennuyeux, et bientôt cela devint très pénible. Je crois que le troisième ou le quatrième jour, je trouvai ma femme triste. Je lui en demandai la raison, et me mis à l’embrasser, ce qui, à mon avis, était tout ce qu’elle pouvait désirer. Elle écarta ma main et se mit à pleurer. Pourquoi ? Elle ne put me le dire. Elle était triste,