Aller au contenu

Page:Tolstoï - A la recherche du bonheur.djvu/142

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


IV


Debout sur le seuil, Matréna dit :

— Si c’était un brave homme, il ne serait pas tout nu, il aurait au moins une chemise. Si tu avais fait chose qui vaille, tu m’aurais dit d’où tu ramenais cet élégant.

— Mais je me tue à te le dire : je passais près de la chapelle, je trouve ce garçon à moitié gelé, tout nu ; nous ne sommes plus au temps chaud, tant s’en faut. C’est Dieu qui m’a conduit vers lui : il aurait péri cette nuit. Que faire ? Je l’ai pris, je l’ai vêtu, je l’ai amené chez moi. Apaise-toi, Matréna, c’est un péché. On doit mourir un jour.

Matréna ouvrit la bouche pour riposter. Soudain, elle jeta les yeux sur l’étranger et se tut. Assis sur le banc, il se tenait immobile.