Page:Tolstoï - A la recherche du bonheur.djvu/250

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fatigué tous les juges. Tantôt c’était Gravilo qui cherchait à faire mettre Ivan à l’amende, tantôt Ivan qui eût bien voulu faire enfermer Gavrilo au violon. Et plus ils se nuisaient, plus ils se haïssaient. Tels deux chiens qui s’entreprennent ; plus ils se battent, plus ils enragent ; frappez l’un des deux par derrière, il croit que l’autre l’a mordu, et sa fureur s’en accroît ; tels les deux moujiks. Ils vont au tribunal ; on les punit tour à tour de l’amende ou de la prison ; et à chaque fois, ils se montent de plus en plus l’un contre l’autre. « Attends donc, tu me le paieras ! »

Les choses se traînèrent de la sorte pendant six ans.

Le vieillard était toujours le seul qui, sur son poêle, répétant son antienne, parlât raison.

— Que faites-vous, enfants ? Laissez donc toutes ces histoires ; vous n’entendez rien à vos intérêts. Ne soyez donc pas aussi acharnés