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Page:Tolstoï - A la recherche du bonheur.djvu/255

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moujiks, mais il y perdit sa peine : Gavrilo se montra intraitable.

— Moi, disait-il, j’ai déjà un demi-siècle moins un an. J’ai un fils marié, et je n’ai jamais frappé personne, et voici qu’aujourd’hui ce grêlé d’Ivan me fait condamner aux verges ; et ce serait moi qui irais lui demander pardon !… Eh bien ! c’est assez. Ivan se souviendra de moi.

De nouveau sa voix trembla, il ne put en dire davantage. Il se détourna et sortit.

Du tribunal jusqu’au logis, la distance était de dix verstes ; il était tard lorsque Ivan fut rendu chez lui. Déjà les babas étaient allées chercher le bétail.

Il détela son chevalet entra dans l’isba : personne. Les fils n’étaient pas revenus des champs, les babas étaient encore au bétail.

Ivan s’assit sur le banc et se prit à songer. Il se rappela la pâleur de Gavrilo à la lecture du