riche moujik : il s’appelait Efim Tarassitch Schevelev ; l’autre, Élysée Bodrov, n’était pas riche.
Efim était un moujik rangé. Il ne buvait pas de vodka, ne fumait pas de tabac et ne prisait pas ; il ne jurait jamais : c’était un homme grave et rigide. Il avait déjà été deux fois staroste[1]. Il avait une nombreuse famille : deux fils et un petit-fils mariés, et tous demeuraient ensemble. C’était un moujik vigoureux, droit, barbu : à soixante-dix ans, sa barbe commençait à peine à blanchir.
Élysée était un petit vieillard, ni riche ni pauvre. Il s’occupait jadis de charpenterie ; depuis que l’âge était venu, il restait chez lui et élevait des abeilles. Un de ses fils travaillait au dehors, l’autre à la maison. C’était un bon homme jovial : il prenait de la vodka, prisait du
- ↑ Maire de village élu par les moujiks.