Page:Tolstoï - Anna Karénine, 1910, tome 1.djvu/221

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Il regarda encore sa montre.

« Il est temps que je vous quitte. » Et il se dirigea vers la porte.

Le célèbre docteur déclara à la princesse (probablement par un sentiment de convenance) qu’il désirait voir la malade encore une fois.

« Comment ! recommencer l’examen ? s’écria avec terreur la princesse.

— Oh non ! rien que quelques détails, princesse.

— Alors entrez, je vous prie. »

Et la mère introduisit le docteur dans le petit salon de Kitty. La pauvre enfant, très amaigrie, rouge et les yeux brillants d’émotion, après la confusion que lui avait causée la visite du médecin, était debout au milieu de la chambre. Quand elle les vit entrer, ses yeux se remplirent de larmes, et elle rougit encore plus. Sa maladie et les traitements qu’on lui imposait lui paraissaient de ridicules sottises ! Que signifiaient ces traitements ? N’était-ce pas ramasser les fragments d’un vase brisé pour chercher à les rejoindre ? Son cœur pouvait-il être rendu à la santé par des pilules et des poudres ? Mais elle n’osait contrarier sa mère, d’autant plus que celle-ci se sentait si coupable.

« Veuillez vous asseoir, princesse », lui dit le docteur.

Il s’assit en face d’elle, lui prit le pouls, et recommença avec un sourire une série d’ennuyeuses questions. Elle lui répondit d’abord, puis enfin, impatientée, se leva :