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Page:Tolstoï - Anna Karénine, 1910, tome 1.djvu/449

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avec fierté à sa femme que tout était en ordre, qu’il avait installé la maison en perfection, et lui conseilla fort de s’y transporter. Ce départ lui convenait sous bien des rapports : les enfants se plairaient à la campagne, les dépenses diminueraient ; et enfin il serait plus libre. De son côté, Daria Alexandrovna pensait qu’il était nécessaire d’emmener les enfants après la scarlatine, car la plus jeune de ses filles se remettait difficilement. Elle laissait à la ville, entre autres ennuis, des comptes de fournisseurs auxquels elle n’était pas fâchée de se soustraire. Enfin, elle avait l’arrière-pensée d’attirer chez elle sa sœur Kitty, à laquelle on avait recommandé des bains froids, et qui devait rentrer en Russie vers le milieu de l’été. Kitty lui écrivait que rien ne pouvait lui sourire autant que de terminer l’été à Yergoushovo, dans ce lieu si plein de souvenirs d’enfance pour toutes deux.

La campagne, revue par Dolly au travers de ses impressions de jeunesse, lui semblait à l’avance un refuge contre tous les ennuis de la ville ; si la vie n’y était pas élégante, et Dolly n’y tenait guère, elle pensait la trouver commode et peu coûteuse, et les enfants y seraient heureux ! Les choses furent tout autres quand elle revint à Yergoushovo en maîtresse de maison.

Le lendemain de leur arrivée, il plut à verse ; le toit fut transpercé et l’eau tomba dans le corridor et la chambre des enfants ; les petits lits durent être transportés au salon. Jamais on ne put trouver une cuisinière pour les domestiques. Des neuf vaches que