Page:Tolstoï - Anna Karénine, 1910, tome 1.djvu/507

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missions cela ne nous regarde pas ; ce qu’il y a de certain, c’est qu’il n’y a pas d’homme plus aimable dans le monde, ni de joueur plus passionné au croquet ; vous verrez cela, et vous verrez avec quel esprit il se tire de sa situation comique de vieil amoureux de Lise. C’est vraiment un charmant homme. Vous ne connaissez pas Sapho Stoltz ? C’est le dernier mot du bon ton, un bon ton tout battant neuf. »

Betsy, tout en bavardant, regardait Anna d’un air qui fit comprendre à celle-ci que son interlocutrice se doutait de son embarras et cherchait un moyen de l’en faire sortir.

« En attendant, il faut répondre à Alexis ». Et Betsy s’assit devant un bureau, et écrivit un mot qu’elle mit sous enveloppe, « Je lui écris de venir dîner, il me manque un cavalier pour une de mes dames ; voyez donc si je suis assez impérative ? Pardon de vous quitter un instant, j’ai un ordre à donner ; cachetez et envoyez », lui dit-elle de la porte.

Sans hésiter un moment, Anna prit la place de Betsy au bureau, et ajouta ces lignes au billet : « J’ai absolument besoin de vous parler ; venez au jardin Wrede, j’y serai à six heures. » Elle ferma la lettre, que Betsy expédia en rentrant.

Les deux femmes eurent effectivement un cosy chat en prenant le thé ; elles causèrent, en les jugeant, de celles qu’on attendait, et d’abord de Lise Merkalof.

« Elle est charmante et m’a toujours été sympathique, dit Anna.