Page:Tolstoï - Anna Karénine, 1910, tome 2.djvu/153

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pendant que le chœur entonnait un psaume d’une exécution difficile et compliquée, où la basse et le ténor se répondaient ; le prêtre fit un signe aux mariés en leur indiquant le tapis.

Ils connaissaient tous deux le préjugé qui veut que celui des époux dont le pied se pose le premier sur le tapis, devienne le vrai chef de la famille, mais ni Levine ni Kitty ne se le rappelèrent, Les remarques échangées autour d’eux leur échappèrent également.

Un nouvel office commença, Kitty écouta les prières et chercha, sans y parvenir, à les comprendre. Plus la cérémonie avançait, plus son cœur débordait d’une joie triomphante qui empêchait son attention de se fixer.

On pria Dieu pour « que les époux eussent le don de sagesse et une nombreuse postérité », on rappela « que la première femme avait été tirée de la côte d’Adam », « que la femme devait quitter son père et sa mère pour ne faire qu’un avec son époux » ; on pria Dieu « de les bénir comme Isaac et Rébecca, Moïse et Séphora, et de leur faire voir leurs enfants jusqu’à la troisième et la quatrième génération ».

Quand le prêtre présenta les couronnes et que Cherbatzky, avec ses gants à trois boutons, soutint en tremblotant celle de la mariée, on lui conseilla de toutes parts, à mi-voix, de la poser complètement sur la tête de Kitty.

« Mettez-la-moi », murmura celle-ci en souriant.

Levine se tourna de son côté, et, frappé du rayon-