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Page:Tolstoï - Anna Karénine, 1910, tome 2.djvu/393

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blement Wronsky : pourtant il partit la nuit même par le premier train.


CHAPITRE XXXII


Anna, avant le départ de Wronsky pour les élections, s’était promis de faire les plus grands efforts pour supporter stoïquement la séparation ; mais le regard froid et impérieux avec lequel il lui annonça qu’il s’absentait, la blessa, et ses bonnes résolutions en furent ébranlées. Elle commenta ce regard dans la solitude, et l’expliqua d’une façon humiliante : « Certainement il a le droit de partir quand et comme bon lui semble ; tous les droits d’ailleurs ne les a-t-il pas, tandis que je n’en ai aucun ; c’est peu généreux à lui de me le montrer. Mais comment me l’a-t-il fait sentir ? par un regard dur ?… C’est un tort bien vague… cependant il ne me regardait pas ainsi jadis, et cela prouve qu’il se refroidit à mon égard. »

Pour s’étourdir elle chercha à se distraire en accumulant des occupations qui remplissaient ses journées ; la nuit elle prenait de la morphine. Au milieu de ces réflexions, le divorce lui apparut comme un moyen d’empêcher Wronsky de l’abandonner, car le divorce impliquait le mariage, et elle résolut de ne plus résister sur ce point comme elle avait toujours fait, la première fois qu’il lui en reparlerait.

Cinq jours se passèrent ainsi ; pour tuer le temps