indifférent aux conséquences des mesures qu’il prend ; c’est l’opinion publique qui le dirige. Je citerai comme exemple la question de l’éducation supérieure des femmes. Elle devrait être considérée comme funeste : ce qui n’empêche pas le gouvernement d’ouvrir les cours publics et les universités aux femmes. »
Et la conversation s’engagea aussitôt sur l’éducation des femmes.
Alexis Alexandrovitch fit remarquer que l’instruction des femmes était trop confondue avec leur émancipation, et ne pouvait être jugée funeste qu’à ce point de vue.
« Je crois, au contraire, que ces deux questions sont intimement liées l’une à l’autre, dit Pestzoff. La femme est privée de droits parce qu’elle est privée d’instruction, et le manque d’instruction tient à l’absence de droits. N’oublions pas que l’esclavage de la femme est si ancien, si enraciné dans nos mœurs, que bien souvent nous sommes incapables de comprendre l’abîme légal qui la sépare de nous.
— Vous parlez de droits, dit Serge Ivanitch quand il parvint à placer un mot : est-ce le droit de remplir les fonctions de juré, de conseiller municipal, de président de tribunal, de fonctionnaire public, de membre du parlement ?
— Sans doute.
— Mais si les femmes peuvent exceptionnellement remplir ces fonctions, il serait plus juste de donner à ces droits le nom de devoirs ? Un avocat,