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Page:Tolstoï - Anna Karénine, 1910, tome 2.djvu/567

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l’existence de Dieu ; ces lois, je les reconnais au fond de mon cœur, m’unissant ainsi bon gré mal gré à tous ceux qui les reconnaissent comme moi, et cette réunion d’êtres humains partageant la même croyance s’appelle l’Église. Et les Hébreux, les Musulmans, les Bouddhistes ? se dit-il, revenant à ce dilemme qui lui semblait dangereux. Ces millions d’hommes seraient-ils privés du plus grand des bienfaits, de celui qui, seul, donne un sens à la vie ? »

Il réfléchit. « Mais la question que je me pose là est celle des rapports des diverses croyances de l’humanité entière avec la Divinité ? C’est la révélation de Dieu à l’Univers avec ses planètes et ses nébuleuses, que je prétends sonder ? Et c’est au moment où un savoir certain, quoique inaccessible à la raison, m’est révélé, que je m’obstine encore à faire intervenir la logique ?

« Je sais que les étoiles ne marchent pas, se dit-il, remarquant le changement survenu dans la position de l’astre brillant qu’il voyait s’élever au-dessus des bouleaux, mais, ne pouvant m’imaginer la rotation de la terre en voyant les étoiles changer de place, j’ai raison de dire qu’elles marchent. – Les astronomes auraient-ils rien compris, rien calculé, s’ils avaient pris en considération les mouvements compliqués et variés de la terre ? Leurs étonnantes conclusions sur les distances, les poids, les mouvements et les révolutions des corps célestes n’ont-elles pas toutes été basées sur les mouvements apparents des