Page:Tolstoï - Au Caucase.djvu/119

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
109
UNE COUPE EN FORÊT

devant un ennemi nombreux, et, malgré deux balles reçues dans la fesse, continuait à charger.

Depuis longtemps, il eût été maréchal-des-logis, n’eût été son caractère, disaient de lui les soldats. Et, de fait, il avait un singulier caractère : quand il n’était pas ivre, nul n’était plus tranquille, plus doux, plus rangé que lui ; mais quand il avait bu, il devenait un tout autre homme : il ne reconnaissait plus de supérieur ; il se battait, faisait tapage ; on n’en pouvait rien tirer. Pas plus tard que huit jours avant, il s’était enivré pendant la semaine grasse, et, malgré toutes les menaces et toutes les prières, malgré son attachement pour son canon, il but, fit les cent coups, jusqu’au premier lundi de carême ; tandis que, pendant tout le temps