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AU CAUCASE

La route suivait le fond d’une abrupte vallée et longeait une rivière, en ce moment débordée. Des bandes de pigeons sauvages tournoyaient au-dessus des flots, tantôt se posant sur la berge pierreuse, tantôt tourbillonnant dans l’air, et parfois disparaissaient à la vue. Le soleil n’était pas encore levé ; mais le haut du versant droit de la vallée commençait à s’éclairer. Des roches grises et blanchâtres, la mousse d’un jaune verdâtre humide de rosée, des cornouillers, des karatchags[1], peu à peu s’illuminaient à la transparente lumière dorée du levant. En revanche, l’autre versant et le creux restaient voilés par un épais brouillard agitant ses couches inégales et fumeuses ; humide, morne, il présentait un mélange de couleurs in-

  1. Arbustes de la faune caucasique.