Page:Tolstoï - Ce qu’il faut faire.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Nous autres, nous ne gelons pas. J’ai chaud.

Elle voulait plaisanter. Mais ses paroles sonnaient comme des injures.

Près du réverbère le plus voisin de la porte de notre maison, elle s’arrêta de nouveau et, s’appuyant contre une barrière, se mit à fouiller dans sa jupe avec des mains maladives, gelées et ivres. De nouveau ils crièrent après elle, mais elle grommela quelques mots en faisant je ne sais quoi. Elle tenait dans une main une cigarette roulée, dans l’autre une allumette.

Je demeurai en arrière ; j’avais honte de passer devant elle, honte de rester et de regarder. Cependant je me décidai et vins vers elle. Elle était appuyée contre la barrière et frottait des allumettes qui ne prenaient point et qu’elle jetait. Je regardai son visage. Elle me parut âgée d’une trentaine d’années. Son visage était terreux, ses