Page:Tolstoï - Conseils aux dirigés.djvu/47

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Mais, par votre entrée dans l’armée, vous ne donnez pas seulement aux propriétaires la possibilité de détenir la terre qui appartient à tous les hommes, donc à vous également, vous la leur donnez encore en travaillant et en affermant leurs terres. Il vous suffirait, à vous ouvriers, de cesser d’agir ainsi, pour que la possession du sol devienne pour eux non seulement inutile, mais impossible, et que leurs terres redeviennent par là même propriété commune. Malgré tous les soins qu’ils apportent à remplacer les ouvriers par des machines, à substituer l’élevage et la sylviculture au labourage, ils ne pourraient quand même se passer d’ouvriers, et les uns après les autres, volontairement ou non, ils renonceraient à leurs terres. Ainsi, dès que vous avez compris que la possession de la terre est un crime, le seul moyen de vous libérer, vous, ouvriers, c’est de ne participer à l’oppression, ni comme soldats qui prêtent main-forte pour enlever la terre aux travailleurs ni comme laboureurs ou fermiers des terrains des propriétaires.