Page:Tolstoï - Conseils aux dirigés.djvu/68

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vous du droit du singe ou de l’écureuil à cueillir des noisettes ? Suis-je donc inférieur à ces êtres et n’ai-je pas le même droit qu’eux ? Et vous, qui êtes-vous, et en vertu de quel droit vous permettez-vous de m’en empêcher ?

— Vous saurez qui je suis quand je vous aurai fait arrêter pour avoir violé le droit d’autrui.

— En voilà une histoire ! Mais comment puis-je violer le droit d’autrui là où personne n’a rien planté ni cultivé ? Les noisettes sont un don spontané de la nature aux hommes et aux animaux qui voudront en profiter pour l’entretien de leur vie. Aussi sont-elles un bien commun.

— Et moi, je vous dis que cette forêt n’est pas propriété commune, mais qu’elle appartient au duc de Portland.

— Ah bah ! Alors, transmettez mes respects au duc. Mais puisque la nature ne nous connaît, ni moi ni lui, et qu’il n’y a pour ses produits qu’une règle : le premier arrivant se sert le premier, dites au duc que s’il désire des noisettes, il n’a qu’à se hâter. »