Page:Tolstoï - Conseils aux dirigés.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vaillent pas ; et pour se nourrir, le cultivateur doit faire tout ce que lui demandent les propriétaires fonciers. Si l’ouvrier abandonne la terre et va servir comme domestique, ou dans les usines et les fabriques, il devient le serf des riches, qui lui imposent 10, 12, 14 heures de travail, et même plus, par jour, un travail monotone, ennuyeux et souvent préjudiciable à sa santé. S’il lui arrive toutefois de cultiver la terre pour son propre compte, ou de l’affermer de façon à pouvoir se nourrir suffisamment, on l’accable alors d’impôts, on l’enrôle pour trois, quatre, cinq années dans l’armée, ou bien on lui fait payer une taxe militaire spéciale. Enfin, s’il veut exploiter la terre sans payer la redevance, ou s’il fait grève et veut empêcher les autres ouvriers de prendre sa place, ou encore, s’il refuse d’acquitter les impôts, on envoie contre lui des troupes, on le moleste, on l’assomme, en un mot, on l’oblige à travailler et à payer comme avant.

C’est là l’existence des ouvriers du monde entier. Ils travaillent non comme des