Page:Tolstoï - Contes et fables, 1888.djvu/129

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gent et nia sa dette ; on amena le créancier et le débiteur sur les bords de la Soudoma, et on leur ordonna de saisir la chaîne.

Le créancier leva la main et l’atteignit. Le débiteur vint à son tour, et consentit à l’épreuve.

Or notre homme était boiteux ; il tendit sa béquille au plaignant, afin qu’il lui fût plus facile d’atteindre la chaîne ; il l’atteignit en effet, et tout le monde s’étonna. Comment tous deux pouvaient-ils avoir raison ?

C’est que la béquille était creuse, et qu’il avait caché l’argent à l’intérieur.

Quand il avait tendu la béquille contenant l’argent, il avait rendu par le fait au créancier ce qu’il lui devait ; voilà pourquoi il avait pu saisir la chaîne, et c’est ainsi qu’il avait trompé tout le monde.