Page:Tolstoï - Contes et fables, 1888.djvu/197

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faible, me porteras-tu ? Réponds-moi franchement !

Le petit corbeau, craignant qu’on ne le laissât tomber dans la mer, répondit :

— Oui, je te porterai !

Mais le vieux corbeau ne crut pas son fils et desserra ses griffes.

Le petit, comme une boule, fut précipité dans l’eau et se noya.

Le vieux corbeau retourna seul, prit un autre petit, et traversa une seconde fois la mer. Fatigué de nouveau, il eut la même pensée, et demanda à celui-ci :

— Me porteras-tu, de place en place, quand je serai vieux, comme je le fais aujourd’hui pour toi ?

Animé de la même crainte que son frère, le petit corbeau répondit « Oui ».

Le père ne crut pas davantage en son second fils, et le laissa tomber dans l’eau.