Page:Tolstoï - Contes et fables, 1888.djvu/239

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fonctions de juge. Il fit comparaître devant lui le moujik et le mouton, et se fit expliquer le cas.

— Parle ! dit-il au moujik, de quoi te plains-tu ?

— Voici, dit le moujik. L’autre matin, je me suis aperçu qu’il me manquait deux poules ; je n’en ai retrouvé que les os et les plumes, et pendant la nuit, le mouton seul était dans la cour.

Le renard, alors, questionna le mouton. L’accusé, tremblant, demanda grâce et protection au juge.

— Cette nuit, dit-il, je me trouvais, il est vrai, seul dans la cour ; mais je ne saurais répondre au sujet des poules ; elles me sont d’ailleurs inutiles, puisque je ne mange pas de viande. Appelez tous les voisins, ajouta-t-il, et qu’ils disent s’ils m’ont jamais tenu pour un voleur.