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Page:Tolstoï - Correspondance inédite.djvu/232

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C’est une condition sine qua non. Il est inutile de discuter avec un homme qui tient à une certaine croyance, ne fût-ce que sur un seul point.

Si le champ du raisonnement n’est pas complètement libre, il aura beau discuter, il aura beau raisonner, il n’approchera pas d’un pas de la vérité. Son point fixe arrêtera tous les raisonnements et les faussera tous. Il y a la foi religieuse, il y a la foi de notre civilisation. Elles sont tout à fait analogues. Un catholique se dit : « Je puis raisonner, mais pas au delà de ce que m’enseigne notre Écriture et notre tradition, qui possèdent la vérité entière, immuable. » Un croyant de la civilisation dit : « Mon raisonnement s'arrête devant les données de la civilisation, la science et l’art. Notre science, c’est la totalité du vrai savoir de l’homme. Si elle ne possède pas encore toute la vérité, elle la possédera. Notre art avec ses traditions classiques est le seul art véritable. » Les catholiques disent : « Il existe hors de l’homme une chose en soi, comme disent les Allemands : c’est l’Église. » Les gens de notre