Page:Tolstoï - Correspondance inédite.djvu/288

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ne le prive pas de l’estime de la majorité des hommes les plus considérés.

C’est comme pour le végétarisme.

« L’homme peut vivre et se bien porter sans tuer pour sa nourriture les animaux. Évidemment, s’il mange la viande, il contribue au meurtre des animaux pour le seul caprice de son goût ; agir ainsi est immoral. »

C’est si simple, si indiscutable qu’il est impossible de ne pas être de cet avis. Mais comme la majorité se nourrit encore de viande, les hommes qui entendent cette observation et la trouvent juste disent aussitôt en riant : « Mais malgré tout, un bon morceau de beefsteak n’est pas mauvais, et j’en mangerai avec plaisir aujourd’hui, à mon dîner. »

Les officiers et les fonctionnaires pensent maintenant la même chose sur les preuves de l’incompatibilité du christianisme et de l’humanité avec le service militaire et civil. « Oui, sans doute, c’est vrai, dira un pareil fonctionnaire, cependant c’est agréable de porter l’uniforme et les épaulettes grâce auxquels on vous laissera passer partout et qui vous vaudront