Page:Tolstoï - Correspondance inédite.djvu/389

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Les peuples de l’Europe commencent à s’apercevoir de ce danger. C'est précisément cette attitude menaçante des peuples de l’Orient qui constitue la troisième raison pour laquelle la solution du dilemme entre la religion et l’État ne peut plus être retardée.

L’un des deux : ou bien renier complètement le vrai sens de la religion chrétienne, détruire les derniers vestiges des idées d’amour du prochain, d’humilité, de fraternité, comme le font déja les hommes du monde européen et opposer un patriotisme féroce et une obéissance servile au patriotisme et à l’obéissance passive des Orientaux, ou bien accepter pour tout de bon les vrais principes chrétiens d’amour du prochain, d’humilité, de non-résistance au méchant, à la violence, et se fier non à la force physique mais à la volonté de Dieu, pleinement convaincus que le plus grand bien de l’homme et de l’humanité ne s’acquiert que par la soumission à la loi éternelle, révélée en notre conscience, quoique les voies par lesquelles ce bien nous peut être acquis nous soient cachées et incompréhensibles.