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Page:Tolstoï - Dernières Paroles.djvu/183

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mais par Dieu lui-même. D’autant plus, ne puis-je retourner à ces religions que j’ai abandonnées, ayant compris leur fragilité.

Si je croyais en quelque chose d’inventé, je comprendrais les exhortations de ceux qui me disent de ne pas croire en mes inventions, mais de reconnaître ce qui est reconnu de tous. Mais, moi, précisément, je crois en ce que croit chacun, je crois ce que vous croyez, je crois en Dieu le Père qui m’a envoyé dans ce monde pour que j’y accomplisse sa volonté. Et croyant cela et sachant que Dieu est amour, que je suis de lui et retournerai à lui, non seulement je ne crains rien ni dans la vie, ni dans la mort, mais je n’ai besoin d’aucune autre religion, je n’ai qu’en faire et, malgré moi, je regarde toutes les variétés de cette religion comme des offenses à Dieu, comme des preuves de méfiance envers lui.

Si moi, mendiant, vagabond, bon à rien, j’étais reçu par un bon maître qui me promettrait de me nourrir, de m’entretenir à condition que je n’enfreigne pas les ordres de sa maison, est-ce que je réglerais mon existence autrement que par l’accomplissement de la volonté du maître ? Ne serait-il pas clair que l’homme qui agirait ainsi, ne croirait pas et désirerait trouver des moyens d’existence sans accomplir sa volonté ?