Page:Tolstoï - Dernières Paroles.djvu/208

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cheval ait un vestige du cinquième doigt ; tous les restes ataviques des êtres vivants sont mauvais, et en particulier, la lutte pour la vie : c’est une dépense inutile d’énergie.

L’homme apporte la raison dans le monde de la nature en détruisant la lutte irraisonnable et la dépense d’énergie, mais cette activité est extérieure, lointaine, seulement reflétée. L’homme ne voit cette irraison que par l’intelligence.

Mais l’irraison de sa vie, non seulement il la voit par sa raison, mais il la sent par le cœur, comme contraire à l’amour, et il la sent par tout son être. Et, en ce mélange de l’irraison de sa vie et de la raison consiste sa vie.

Il est très important de constater ici que l’irraison de la nature se reconnaît par la raison, et celle de la vie humaine par le cœur (l’amour) et la raison.

La vie de l’homme consiste à transformer en raisonnable ce qui est dans sa vie irraisonnable. Pour cela deux choses sont nécessaires :

1o Voir dans toute son importance l’irraison de la vie et n’en pas détacher son attention ; 2o reconnaître dans toute sa pureté la raison de la vie possible.

En reconnaissant toute l’irraison de la vie, et la misère qui en découle toujours, l’homme, involontairement, se détourne d’elle, et, d’autre part, ayant clairement reconnu la raison de la