Page:Tolstoï - Dernières Paroles.djvu/259

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Voilà tout ce que je pourrais dire à propos des massacres de Kichinev, mais tout cela je l’ai exprimé depuis longtemps.

Et si vous me demandez ce que, selon moi, les Juifs doivent faire, ma réponse aussi découlera de cette doctrine que je tâche de comprendre et de suivre. Les Juifs, comme tous les hommes, pour leur bien ont besoin d’une seule chose, guider le plus possible leur vie par le précepte universel : agis envers les autres comme tu voudrais que les autres agissent envers toi, et lutter contre le gouvernement non par la violence, — il faut laisser ce moyen exclusivement au gouvernement, — mais par la vie bonne qui exclut non seulement toute violence sur son prochain mais la participation à la violence et à la jouissance des armes de violence établies par le gouvernement. C’est tout ce que j’ai à dire — c’est très vieux et très connu — à propos des horribles événements de Kichinev.

Ces jours derniers nous avons envoyé de Moscou une lettre collective au maire de Kichinev, nous y exprimons nos sentiments sur cette affaire.

Je serai très heureux de collaborer à votre recueil et je tacherai d’écrire quelque chose qui corresponde aux circonstances.

Malheureusement ce que j’ai à dire : à savoir que le coupable — non seulement des horreurs de Kichinev, mais de tous ces malentendus qui se produisent vis-à-vis d’une certaine petite partie de la population russe — c’est le gouvernement, précisément lui, je ne pourrai pas le dire dans un livre publié en Russie.