Page:Tolstoï - Dernières Paroles.djvu/327

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La tentative révolutionnaire du 14 décembre[1] s’est produite dans les conditions les plus favorables : c’était le moment d’un interrègne de hasard et la plupart des révoltés appartenaient à l’armée. Eh quoi ! À Pétersbourg et à Toultchine l’insurrection était réprimée presque sans effort par les troupes soumises au gouvernement, puis vint le règne de Nicolas Ier, inepte, brutal, qui déprava les hommes, et dura près de trente ans. Et toutes les tentatives de révolution, non de palais, qui suivirent celle-ci, en commençant par les aventures de dizaines de jeunes gens des deux sexes qui pensèrent, en armant les paysans russes d’une trentaine de pistolets, vaincre une armée aguerrie de milliers de soldats, jusqu’aux dernières manifestations des ouvriers qui, le drapeau déployé, criaient : « À bas le despotisme ! » et que dispersèrent facilement des dizaines de sergents de ville et de Cosaques avec la nagaïka, ainsi que les explosions et les assassinats des années 1870 qui aboutirent au 1er mars[2], toutes ces tentatives se terminèrent — et ne pouvaient se terminer autrement — par la perte de plusieurs braves gens et par un accroissement de force et de brutalité du gouvernement. Les choses n’ont

  1. Décembre 1825.
  2. 1er Mars 1881. Meurtre d’Alexandre II.