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XII

— Et maintenant, assez. Il faut prier, dit Hadji Mourad, et il tira de la poche intérieure de son vêtement le bréguet de Vorontzoff. Soigneusement, il en pressa le ressort, et, inclinant de côté la tête et retenant un sourire enfantin, il écouta. La montre sonna douze coups et un quart :

— C’est un cadeau de mon ami Vorontzoff, dit-il en souriant.

— Oui ; la belle montre, dit Loris Melikoff.

— Eh bien, prie ; j’attendrai.

— Très bien, dit Hadji Mourad ; et il passa dans sa chambre.

Resté seul, Loris Melikoff inscrivit dans son carnet l’essentiel de ce que lui avait raconté Hadji Mourad, ensuite il alluma une cigarette et se mit à marcher de long en large dans la chambre. En s’approchant de la porte opposée à la chambre à coucher, Loris Melikoff entendit des voix animées d’hommes qui parlaient très rapidement, en tatar. Il devina que c’étaient les murides de Hadji Mourad, et, ouvrant la porte, il entra chez eux.

La pièce qu’ils occupaient était imprégnée de cette odeur particulière, aigre, de cuir, propre