Page:Tolstoï - Hadji Mourad et autres contes.djvu/147

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foule se dressait un grand insigne vert, et le vieux caporal de la compagnie, qui voyait de très loin, dit au myope Boutler que c’était probablement Schamyl lui-même. Une partie des Tchetchenz descendit au bas de la montagne, puis se montra sur la crête d’un ravin qui était à droite et commença à le descendre. Un général de petite taille, en tunique noire, chaude, et bonnet de fourrure, qui montait un grand amblier blanc, ordonna à Boutler de se porter à droite, contre les cavaliers qui descendaient.

Boutler conduisit rapidement sa compagnie dans la direction indiquée, mais, avant qu’il ait eu le temps d’arriver jusqu’au ravin, derrière lui, il entendit, l’un après l’autre, deux coups de canon. Il se retourna. Deux nuages de fumée blanche se soulevaient au-dessus des deux canons et longeaient le ravin. L’ennemi, qui, évidemment, avait compté sans l’artillerie, battit en retraite. La compagnie de Boutler se mit à tirer sur les montagnards et toute la vallée se remplit de la fumée de la poudre. Et ce n’était qu’au-dessus du ravin qu’on percevait les montagnards qui se retiraient hâtivement, en tirant sur les cosaques qui les poursuivaient. Le détachement s’avança dans la montagne, et dans le creux de la seconde vallée, ils découvrirent un aoul.

Boutler avec sa compagnie courant à la suite des cosaques, entra dans l’aoul. Il était absolument désert. On ordonna aux soldats d’incendier le blé, le foin, les cabanes elles-mêmes, et, sur tout