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Page:Tolstoï - Hadji Mourad et autres contes.djvu/168

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se levèrent à sa rencontre. Schamyl était d’une tête plus haut qu’eux tous. Tous, comme lui, levèrent leurs mains, les paumes en dehors, et, fermant les yeux, dirent une prière ; puis ils passèrent leurs mains sur leurs visages, en les descendant jusqu’à l’extrémité de la barbe où elles se joignaient. Cela fait, tous s’assirent, Schamyl au milieu, sur un coussin plus élevé, et la discussion des affaires commença. Celles concernant les accusations de crimes étaient décidées d’après le Chariate : deux hommes étaient condamnés, pour vol, à avoir les mains coupées ; un autre, pour meurtre, à avoir la tête tranchée ; trois étaient acquittés. Ensuite on se mit à discuter les affaires militaires, principalement les mesures à prendre pour empêcher les Tchetchenz de se rallier aux Russes. Pour prévenir ce ralliement, Djemal Edip composa l’appel suivant : « Je vous souhaite la paix éternelle en Dieu tout puissant ! J’ai entendu que les Russes vous flattent et vous appellent à la soumission. Ne les croyez pas ; ne vous soumettez pas et attendez. Si vous n’êtes pas récompensés de cela dans cette vie, vous en recevrez la récompense dans la vie future. Rappelez-vous ce qui s’est passé auparavant, quand on vous a pris vos armes. Si Dieu, alors, en 1840, ne vous avait pas donné raison, vous seriez déjà soldats et vos femmes ne porteraient plus le pantalon, et seraient souillées. D’après le passé, jugez l’avenir. Mieux vaut mourir dans les combats contre les Russes que de vivre avec les infidèles. Attendez, et moi,