Panoff, en ôtant de son épaule son long fusil, armé de la baïonnette, et, avec un cliquetis, l’accotant au tronc de l’arbre.
Les trois soldats se débarrassèrent également.
— Ça y est ! Je l’ai perdue ! grommela avec humeur Panoff. — Je l’ai oubliée, ou perdue en route.
— Qu’est-ce que tu cherches ? demanda l’un des soldats d’une voix gaie, réjouie.
— J’ai perdu ma pipe, diable sait où !
— Et le tuyau, il est là ? demanda la voix enjouée.
— Le tuyau ? Le voilà.
— Alors enfonce-le dans la terre.
— Oh ! non ; ce n’est pas possible.
— Nous allons arranger cela d’un tour de main. Il était interdit au guet de fumer, mais celui-là n’était pas très rigoureux, c’était plutôt une garde d’avant-poste qu’on envoyait afin que les montagnards ne pussent, comme ils l’avaient fait autrefois, avancer imperceptiblement un canon et tirer sur la forteresse ; aussi Panoff ne trouvait-il pas nécessaire de se priver du plaisir de fumer, et acquiesça-t-il à la proposition du joyeux soldat.
Celui-ci sortit de sa poche un couteau, se mit à creuser dans le sol un petit trou dont il aplatit soigneusement toutes les aspérités, puis il mit du tabac dans le trou, y ajusta le tuyau et la pipe se trouva prête. Le briquet brilla, éclairant pour un moment le visage musclé d’un soldat qui était