Page:Tolstoï - Hadji Mourad et autres contes.djvu/328

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— Quelqu’un est encore venu ?

— Je suis venu chercher le père.

— Et vous autres ! Pourquoi ronflez-vous encore ? Vous n’avez pas même allumé le poêle.

— Est-ce qu’il est déjà temps ?

— Je ne le dirais pas s’il n’était pas temps.

Le paysan entra dans la maison, se signa en regardant les icônes, salua la femme du prêtre et s’assit sur un banc près de la porte.

Sa femme, après des couches longues et pénibles, avait mis au monde un enfant mort, et elle-même se mourait.

Le paysan s’était assis et, en regardant ce qui se faisait dans la chambre, réfléchissait par quel chemin amener le prêtre : tout droit par Kossoié, comme en venant, ou en faisant un détour ? Près du bourg la route était mauvaise ; la rivière était gelée, mais pas assez pour les porter ; il avait failli se noyer.

Le domestique rentra, jeta un tas de bois de bouleau près du poêle, et demanda au paysan de tailler quelques copeaux de bois dans une bûche sèche. Le paysan ôta son caftan et se mit au travail.

Le pope s’éveilla gai, actif, comme toujours. Avant de sortir du lit il se signa et récita sa prière préférée, « Notre père qui êtes aux cieux… » et répéta plusieurs fois : « Seigneur, ayez pitié de nous ! » Après cela il se chaussa, se lava, peigna ses longs cheveux, mit son vieil habit, et s’installa devant les icônes pour réciter ses prières. Au milieu du Pater Noster, aux paroles : « Pardonnez-nous nos