Page:Tolstoï - Hadji Mourad et autres contes.djvu/358

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RAZOUMNIKOFF.

Je dis mon opinion. Vous autres, faites comme vous l’entendez.

MATVEIEFF.

Le risque !… Nous sommes heureux du danger. Nous sommes prêts à donner notre vie et nous sommes heureux de l’occasion de montrer notre sincérité. Dites-moi seulement ce qu’il faut faire. Même à la mort certaine, j’irai avec joie. Je sais que Paul Bouriline pense de même.

M. I. SCHULTZ, en souriant.

Il commence à s’échauffer, votre ami.

MATVEIEFF.

Vous ne savez pas ce que c’est pour le paysan ou pour l’ouvrier quand, tout d’un coup, dans ses ténèbres pénètre la lumière ! Il faut connaître cette obscurité ; penser, comme nous l’avons pensé, que cette obscurité est normale, qu’il est nécessaire que le paysan ou l’ouvrier ait faim et regarde comme une faveur le travail qu’on lui donne sur la terre d’un autre ou dans l’entreprise capitaliste d’un autre ; et tout d’un coup…

ALMAZOFF,
échangeant un regard avec Mlles Aronson et Schultz.

C’est juste, c’est juste…

MATVEIEFF.

Oui. Penser ainsi. Vivre dans une tombe, et, tout d’un coup, comprendre que cela ne doit pas