Page:Tolstoï - Hadji Mourad et autres contes.djvu/40

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qui entrait dans la chambre, en effleurant doucement le sol.

— Qu’y a-t-il ? demanda Hadji Mourad, comme s’il ne s’était pas du tout endormi.

— Il faut réfléchir, répondit Sado, en s’asseyant devant Hadji Mourad. – Une femme, du toit, t’a vu arriver, dit-il, elle l’a raconté à son mari et maintenant tout l’aoul est au courant. Tout à l’heure une voisine est accourue chez ma femme et lui a dit que les vieillards se sont réunis dans la mosquée et veulent t’arrêter.

— Il faut partir, dit Hadji Mourad.

— Les chevaux sont prêts, dit Sado, et il sortit rapidement de la cabane.

— Eldar, prononça tout bas Hadji Mourad. Eldar, entendant son nom, et surtout la voix de son chef, bondit sur ses fortes jambes en remettant son bonnet.

Hadji Mourad prit ses armes et son manteau ; Eldar en fit autant ; et tous deux en silence sortirent de la cabane sous l’auvent. Le garçon aux yeux noirs amena les chevaux. Au bruit des sabots sur les pavés de la rue, une tête parut à la porte d’une cabane voisine ; un homme, en faisant résonner ses socques, courait dans la direction de la mosquée.

Il n’y avait pas de lune. Les étoiles, seules, brillaient sur le ciel noir ; dans l’obscurité se profilaient les toits des cabanes, et, les dominant toutes, se dressait à la partie supérieure de l’aoul la mosquée avec son minaret. De là venait un bruit de voix.