Page:Tolstoï - Hadji Mourad et autres contes.djvu/52

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— Oui ; et c’est dommage ; un brave soldat. — Gravement ?

— Ça en a l’air ; dans le ventre.

— Et savez-vous où je vais, moi ? demanda Vorontzoff.

— Non, je ne sais pas.

— Est-ce que vous ne devinez pas ? Hadji Mourad va venir ici ; nous nous rencontrerons, dans un instant.

— Pas possible !

— Hier, l’émissaire est retourné le prévenir, dit Vorontzoff, retenant avec effort un sourire de joie. — À l’instant il va venir m’attendre dans la forêt, sur la clairière. Dispersez vos fusiliers jusque là, et ensuite venez me rejoindre.

— À vos ordres, dit Poltoradski, en portant la main à son bonnet.

Il retourna à sa compagnie, conduisit lui-même le cordon sur la droite, et ordonna à un sergent-major d’emmener celui de gauche.

Pendant ce temps les soldats transportaient à la forteresse Avdeieff blessé.

Poltoradski était en route pour rejoindre Vorontzoff quand il aperçut, derrière lui, des cavaliers qui venaient de son côté. Il s’arrêta et les attendit.

Devant tous s’avançait, sur un cheval à crinière blanche, un homme à l’air imposant en tcherkeska blanche, le turban surmontant le bonnet, et dont les armes étaient incrustées d’or. Cet homme était Hadji Mourad. Il s’approcha de Poltoradski et lui dit quelque chose en tatar. Poltoradski souleva