Page:Tolstoï - Hadji Mourad et autres contes.djvu/55

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Tandis que Vorontzoff et Hadji Mourad, accompagnés de leur suite, retournaient à la forteresse, les soldats, réunis en groupes, faisaient leurs réflexions.

— Combien d’âmes a-t-il perdu, ce maudit, et maintenant, tu verras, on le flattera ! disait l’un.

— Comment en serait-il autrement. Il était le premier commandant de Schamyl. Maintenant c’est autre chose.

— Il a l’air d’un brave. Il n’y a pas à dire, un vrai cavalier !

— Et as-tu vu le roux ? Il louche comme une bête.

— Ça doit être un vrai chien.

Tous avaient remarqué particulièrement le roux.


Partout où l’on coupait la forêt, les soldats qui se trouvaient près de la route accouraient pour regarder. Un officier cria sur eux, mais Vorontzoff l’arrêta.

— Qu’ils regardent leur vieille connaissance. Sais-tu qui c’est ? demanda Vorontzoff au soldat qui se trouvait le plus près, en prononçant lentement et avec un accent anglais.

— Non, Votre Excellence.

— C’est Hadji Mourad. As-tu entendu ce nom ?

— Comment donc, Votre Excellence ! on l’a battu plusieurs fois.

— Oui, mais il nous le rendait aussi.