— Le courage de cet homme est extraordinaire. C’est un homme remarquable.
— Je vous crois. En 49, en plein jour, il fit irruption à Temirkantchoura et pilla toutes les boutiques !
Un Arménien, assis au bout de la table, qui se trouvait à cette époque à Temirkantchoura, raconta les détails de cet exploit de Hadji Mourad. En général, tout le temps du dîner, il ne fut question que de Hadji Mourad. Tous, à l’envi, louèrent son courage, son esprit, sa magnanimité. Quelqu’un raconta qu’un jour il avait ordonné de tuer vingt-six prisonniers. Mais à cela aussi on trouva une excuse : à la guerre comme à la guerre !
— C’est un grand homme !
— S’il était né en Europe il serait peut-être un nouveau Napoléon, dit le prince grouzine, stupide mais qui avait le don de la flatterie.
Il savait que toute mention de Napoléon était agréable à Vorontzoff, qui avait remporté sur lui une victoire et portait pour ce fait la croix blanche au cou.
— Eh bien ! si non Napoléon, mettons un bon général de cavalerie, cela, oui, dit Vorontzoff ; si non Napoléon, en tout cas, Murât.
— Et le même nom : Hadji Mourad.
— Hadji Mourad rallié, c’est la fin de Schamyl, remarqua quelqu’un.
— Ils sentent que maintenant (ce maintenant signifiait : le prince Vorontzoff étant là) ils ne pourront pas résister, dit un autre.