Page:Tolstoï - Histoire d’un pauvre homme.djvu/140

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— Et combien te paie-t-on la leçon ?

— Il y en a qui me donnent un rouble, d’autres cinquante kopeks et j’en ai même à trente. Mais ils sont si bons pour moi.

— Eh bien, font-ils des progrès au moins ? dit Kassatsky, souriant à peine.

Praskovie Mikaïlovna ne comprenant pas, d’abord, le sérieux de la question, regarda son cousin dans les yeux.

— Il y en a qui en font. Il y a la bonne petite fille du boucher, une bonne, très bonne petite fille, répéta-t-elle, et si j’étais une femme d’ordre, je pourrais bien, grâce aux relations de son papa, trouver une place pour mon gendre. Mais je n’ai jamais rien su faire et je les ai tous conduits où ils en sont.

— Oui, oui, dit Serge, en baissant la tête. Et dites-moi encore, Pachinka, pour ce qui est de votre vie religieuse, où en êtes-vous ?

— Oh ! ne me parlez pas de cela ! J’ai tant de péchés sur le cœur ! Quand je suis obligée de conduire les enfants à l’église, je communie avec eux ; mais, le reste du temps, il m’arrive de passer un mois entier sans entrer à l’église.

— Et pourquoi n’y allez-vous pas ?

— Eh bien ! pour vous dire toute la vérité, dit-elle en rougissant, j’ai honte, à cause de Macha et des enfants, de me montrer avec eux dans mes vieilles nippes. Et je n’ai rien d’autre à me mettre. Et puis, si vous saviez comme je suis paresseuse !

Un appel de son gendre l’interrompit à nouveau.

— Oui, j’arrive tout de suite ! répondit-elle, avant de sortir de la chambre.

Lorsqu’elle revint, un moment après, son visiteur