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VIII


Le lendemain, Migourski, en rentrant de l’exercice, fut saisi d’un joyeux étonnement en voyant sa femme venir au devant de lui et l’emmener dans la chambre, d’un pas léger comme jadis.

— Écoute, José, dit-elle.

— J’écoute. Qu’y a-t-il ?

— Toute la nuit, j’ai songé au récit de Rossolowski et j’ai décidé que je ne pouvais plus vivre ici. Je ne peux pas. Je vais mourir, mais je ne resterai pas ici.

— Que faire, alors ?

— S’en aller. Fuir.

— Fuir. Mais où ?

— J’ai tout organisé. Écoute.

Elle lui raconta le plan qu’elle avait conçu pendant la nuit. Lui, Migourski, allait sortir le soir au bord de l’Oural ; il laisserait sa capote et une lettre dans laquelle il dirait avoir décidé de se tuer. On comprendrait qu’il s’était noyé. On chercherait, on ferait des rapports et pendant ce temps elle le cacherait si bien qu’il serait introuvable. On laisserait ainsi passer un mois et quand tout se calmerait, on pourrait fuir.

Ce projet parut d’abord inexécutable à Migourski.