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Page:Tolstoï - Histoire d’un pauvre homme.djvu/38

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LÉON TOLSTOÏ

Quand il eut soupé et rempli la mangeoire de Tambour, il monta sur le poêle, ôta l’enveloppe de sa poche, l’examina longuement, pria le portier de lui lire l’adresse et les mots « ci-inclus quatre cent soixante-deux roubles. »

L’enveloppe était faite avec une feuille de papier et cachetée avec de la cire brune ; il examina tous les cachets et repalpa l’enveloppe avec délices.

Il éprouvait une joie enfantine de se trouver en possession d’une si grosse somme d’argent. Il cacha l’enveloppe dans la doublure de son chapeau, mit le chapeau sous sa tête et s’endormit, mais plusieurs fois dans la nuit il se réveilla et palpa l’enveloppe pour se bien persuader qu’elle s’y trouvait toujours.

Chaque fois qu’il la palpait, il éprouvait un sentiment de profonde satisfaction à l’idée que lui, Polikei, maltraité de tout le monde, il ferait parvenir l’argent à sa maîtresse avec autant de fidélité que l’intendant lui-même.