Page:Tolstoï - Histoire d’un pauvre homme.djvu/5

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


I


Les Doutlof sont bien à plaindre, madame. Ce sont tous de braves gens. Si nous ne nous mettons pas sur la liste un des serfs attachés à la maison, ce sera le tour d’un des fils Doutlof. Mais il sera fait selon votre volonté.

Il posa sa main droite sur la gauche, les mit sur son ventre, courba légèrement sa tête, serra ses lèvres minces, ferma les yeux et se prépara évidemment à écouter avec patience toutes les sottises que lui débiterait sa maîtresse.

C’était un ancien serf devenu intendant, vêtu d’une longue redingote, qui, chaque soir, venait recevoir les ordres de sa maîtresse et lui faire son rapport.

Selon la maîtresse, le rapport consistait en ce que l’intendant lui communiquait ce que l’on avait fait dans la journée et demandait ce qu’il fallait faire le lendemain.

Selon l’intendant, Iégor Ivanovitch, le rapport était une cérémonie qui consistait en ce que, debout, dans un coin, il écoutait avec patience les sottises de sa maîtresse. Puis, une fois qu’elle avait terminé, il