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Page:Tolstoï - Histoire d’un pauvre homme.djvu/65

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XIV


Lorsqu’il fut enfin dans la rue, il alla se cacher à l’ombre des tilleuls, quoique la nuit fût sombre, ôta sa ceinture, prit sa bourse et se mit à ranger les billets l’un après l’autre. Ses lèvres remuaient tout le temps, quoiqu’il ne prononçât pas une parole.

Il serra l’argent, remit sa ceinture et s’en alla d’un pas chancelant comme un homme ivre. Il aperçut, tout à coup, un gros paysan devant lui un grand bâton à la main.

C’était Efim qui se promenait devant la cabane de Polikei.

— Eh ! oncle Doutlof, dit enfin Efim avec joie.

Il se sentait mal à son aise dans l’obscurité.

— Oui. Que fais-tu là ?

— Moi ? On m’a mis là pour surveiller la cabane où Polikei s’est étranglé.

— Où est-il ?

— On dit qu’il s’est pendu au grenier, répondit Efim. Le commissaire est arrivé, paraît-il… on va tout de suite y aller ; c’est bien effrayant tout cela, pendant la nuit !… Pourvu qu’on ne m’oblige pas d’y monter,