Page:Tolstoï - Histoire d’un pauvre homme.djvu/67

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Doutlof ajouta qu’il venait demander à l’intendant la permission de garder l’argent.

Quelle fut son émotion, lorsque ce dernier s’empara de l’enveloppe. Le commissaire lui fit un interrogatoire d’un ton sec et impérieux.

— Mon argent est perdu, se dit Doutlof ému, mais le commissaire lui rendit l’enveloppe.

— A-t-il de la chance, ce morveux ! dit-il.

— Cela se trouve très bien, répondit Iégor Ivanovitch, il vient de conduire son neveu au régiment, il pourra maintenant lui acheter un remplaçant.

— Ah ! dit le commissaire.

— Achètes-tu un remplaçant pour Iliouchka ?

— Comment faire ? Y aura-t-il assez d’argent ? Y aura-t-il assez d’argent ? Et puis je pense que c’est trop tard.

— Cela te regarde, dit l’intendant en se dirigeant vers la cabane.

Ils entrèrent dans l’antichambre, où les gardiens les attendaient avec des lanternes. Doutlof les suivait. Un silence régnait.

— Où est-ce ? demanda le commissaire.

— Ici, répondit Iégor Ivanovitch à voix basse. Efimka, tu es jeune ajouta-t-il, prends la lanterne et monte le premier.

Efimka semblait avoir oublié sa terreur. Il montait l’échelle quatre à quatre, en se retournant, de temps en temps, pour éclairer le chemin avec la lanterne.

Derrière le commissaire marchait Iégor Ivanovitch.

Lorsqu’ils disparurent dans l’ouverture du grenier, Doutlof fit un pas pour avancer, soupira et s’arrêta. Deux minutes environ s’écoulèrent, leurs pas s’éloignèrent, ils s’approchaient du cadavre, probablement,