avaient pour les femmes et qui les distinguait si nettement des jeunes gens d’aujourd’hui, — ceux-ci ne voyant dans la femme qu’une femelle — cette considération, je crois, n’était pas sans avantages. Les jeunes filles, devant cette déification dont elles étaient l’objet, cherchaient à paraître plus ou moins déesse.
Kassatski était ainsi et il considérait de ce point de vue sa fiancée. Il l’aimait particulièrement ce jour-là et loin de ressentir le moindre désir charnel, la regardait au contraire avec tendresse, comme il eût fait de quelque vision inaccessible. Debout de toute sa grande taille il se tenait devant elle les deux mains sur la garde de son sabre.
— C’est maintenant seulement que je connais tout le bonheur que peut ressentir un homme et c’est vous, c’est toi, ajouta-t-il avec un sourire timide, c’est toi qui me l’as procuré.
Il était dans cette période où le tutoiement n’est pas encore habituel et il lui était difficile, bien que la dominant par sa taille, de tutoyer cet ange.
— Je me suis connu grâce… à toi ; j’ai su que je suis meilleur que je ne croyais.
— Je le sais depuis longtemps et c’est pour cela que je vous ai aimé.
Le rossignol lança une note dans le voisinage. Les jeunes feuilles frémirent sous la brise.
Il prit sa main, la baisa et les larmes lui vinrent aux yeux.
Elle comprit qu’il la remerciait de lui avoir dit son amour.
Silencieux, il se mit à marcher, fit quelques pas et s’assit.
— Vous savez… tu sais… enfin c’est égal… ma cour